上工治未病.- 黃帝內經
Shàng gōng zhì wèi bìng – Huáng dì nèi jīng
« Le médecin supérieur soigne les maladies avant qu’elles commencent » – Classique interne de l’Empereur jaune.
Beaucoup d’entre nous ont entendu une histoire à propos de la médecine chinoise…et elle est vraie. Laissez-moi vous la compter en détails.
JIayu- comté de Wuhan- Chine – 1622 Après Jésus-Christ
Dans la Chine antique, le système de rémunération des médecins est l’opposé du système actuel. Un médecin s’occupe de plusieurs familles, de différentes congrégations, corps de métiers. Plus le médecin est renommé, plus sa patientèle est importante, pouvant même aller jusqu’à superviser ses disciples qui consultent et n’intervenir qu’en cas de problèmes difficiles à résoudre.
Le médecin passe, par exemple, dans la famille des Wang tous les mois ou toutes les trois semaines. Il prend le pouls, regarde la langue, écoute la toux, observe les crachats (s’il y en a), les urines et pose des questions à tous les membres de la famille. A la fin de la séance, il prodigue ses conseils, dit qui doit faire quel type d’exercices, qui doit prendre telle ou telle tisane…
« Monsieur Wang, je sais que les affaires sont bonnes en ce moment, mais dans ces repas avec les clients vous devez toujours avoir un grand verre d’eau chaude à côté du verre d’alcool. Personne ne s’en apercevra, mais les dégâts seront moindres…de plus, marchez jusqu’au restaurant, ne vous laissez pas systématiquement emmener en calèche, ce sera toujours un peu d’exercice en plus. »
« Madame Wang, les commérages vont bon train depuis le départ des Liu de la ville. Ne vous en mêlez pas, ces bonnes femmes vous prennent beaucoup d’énergie. Feignez l’ignorance et passez à autre chose.
Pensez aussi à prendre une infusion de fenouil tous les matins pendant trois semaines, le ventre est encore un peu trop gonflé. »
« Mademoiselle Wang, votre pouls bat régulièrement, le sang circule bien, l’artère est souple…continuez ainsi ».
Le médecin est donc payé par ses patients sur une base de salaire mensuel. Lorsqu’un patient qu’il suit tombe malade, le médecin ne touche plus son salaire et tous les médicaments (herbes, cataplasmes, traitements d’acupuncture ou de massage) sont à sa charge jusqu’à ce que la personne retrouve la pleine santé, il en va de la réputation du médecin-donc de ses affaires.
On comprend aisément que le système est l’inverse de celui d’aujourd’hui : le médecin est rémunéré lorsque les gens vont bien et SON INTERET EST DE LES GARDER EN SANTE.
Rue du Rhône-Canton de Genève-2022
Dans notre pratique clinique, nous rencontrons à 95 % des personnes qui viennent pour résoudre un problème de santé. Les 5% autres sont des gens qui sont souvent assez proches des médecines douces et connaissent leurs bienfaits sur la santé et le moral en général.
Seulement, 0.5% entrera dans la salle de consultation en disant : «je n’ai pas de gros problèmes de santé en particulier, je fais de l’exercice, en gros je vais bien et j’aimerais que ça dure ».
Nous sommes toujours très émus de rencontrer ce genre de patients, des gens que j’estime très « conscients », car une fois les problèmes de santé réglés, une personne se tournera plus facilement vers l’amélioration de sa conscience.
En tant que thérapeutes, nous nous devons de faire attention à notre style de vie et de mettre en pratique les principes que nous énonçons. Sans avoir le moindre souci de santé, on se pose pourtant mutuellement les aiguilles deux fois par mois entre nous et ce depuis des années.
Un décalage dans la santé du patient aujourd’hui, aussi infime soit-il, produira une pathologie ou un mal-être dans cinq ans. Un décalage de 2 degrés au début de la construction des rails, amènera le passager dans une ville différente de celle qu’il espérait au bout de 200 kilomètres. Si un jour, on se retrouve à Turin alors qu’on voulait aller à Zurich, il faudra se demander si au départ quelque chose ne nous a pas échappé…si à 50-60-70-80 ans nous sommes torturés par des problèmes de santé, il faudra se demander si on a porté assez d’attention à notre bien-être au quotidien.
Le praticien est là pour anticiper la santé, le bien-être, la qualité et le ressenti de vie du patient, comme le garagiste qui fait une révision avant les prochains 20 000 kilomètres.
Il peut voir des choses dont le patient n’a pas encore conscience car ce n’est pas encore assez grave, assez visible. C’est son métier et il est là pour mettre le doigt dessus.
Boîte blanche-boîte noire
En médecine occidentale, on ouvre, on examine, on observe au microscope – c’est la théorie de la boite blanche, on ouvre et on voit.
Le médecin chinois observe le teint de la peau, la démarche, l’assise ; écoute le timbre de la voix et pose des questions ; prend le pouls et ressent les organes correspondant – c’est la théorie de la boite noire, on devine l’intérieur en observant l’extérieur.
C’est deux théories ne sont pas en opposition, mais plutôt complémentaires, comme un couteau et une fourchette n’ont pas la même utilité, comme l’avant et l’arrière du corps. Ce sont deux angles d’attaque pour un même problème. Les deux sont importants.
Rue du Rhône-Canton de Genève- 2023 ?
Daphné est venue me voir pour des douleurs aux lombaires, elle a entendu une amie dire que l’acupuncture l’avait beaucoup aidé pour son épaule. En questionnant, je m’aperçois que son transit et son sommeil ne sont pas très bons. Normal, puisque sa relation est tendue depuis quelques mois. Elle commence à avoir de l’acné, bref « ça ne va pas ».
Au bout de neuf séances, les douleurs lombaires ont disparu, le sommeil et revenu, le transit est plus facile, une fois tous les deux jours, parfois tous les jours, sans médicaments aucun. Elle est ravie et décide de conserver le bien-être retrouvé en faisant une séance « d’entretien et de prévention » tous les mois « pour toujours ».
Je suis ému qu’elle accorde de l’attention à sa santé et à son bien-être. J’espère que je pourrais la servir « pour toujours ».